Le cinéma comme une invitation à voir le monde autrement, au « festival international du film d’éducation » d’Evreux

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Paru dans ­­­­­­­­­­­Scolaire, ­­­­­­­­­­­Périscolaire, ­­­­­­­­­­­Culture, ­­­­­­­­­­­Orientation­­­­­­­­­­­­­ le dimanche 05 décembre 2021. ­­­

« C’est autant de plaisir que d’aller voir un film avec des ami.e.s. » Emilie, Louann, Clélia sont en première au lycée François 1er du Havre, elles ont choisi l’enseignement de spécialité HLP (Humanités, littérature et philosophie), elles ont candidaté pour participer au festival international du film d’éducation d’Evreux, et elles préparent un débat sur le rôle respectif des salles obscures et des plateformes type Netflix. Interrogées par ToutEduc sur leur désir de venir s’immerger ainsi, durant 4 jours dans un univers différent du leur  – « on ne voit pas ici les films qu’on a l’habitude d’aller voir » -, elles disent qu’elles voulaient en savoir plus sur les métiers du cinéma, qui les attirent sans qu’elles les connaissent. « J’aime écrire », ajoute Louann pour qui le festival est l’occasion de s’exercer à la critique. Et d’ailleurs, « développer l’esprit critique », accroître leur « capital culturel » fait partie de leurs motivations, répondent-elles sagement avant d’ajouter qu’elles n’avaient de toute façon « rien à perdre » à venir ainsi quelques jours voir des films « qui font réfléchir ». Elles ont notamment été marquées par un moyen métrage, « Hurler sur les murs » (de Geoffrey Couët) qui montre des femmes dont les affiches qu’elles ont collées sur les murs pour dénoncer viols et féminicides sont arrachées, et qui voient leurs souffrances niées.

Ce documentaire fait partie des 21 courts ou moyens métrages qui sont disponibles gratuitement sur Vimeo jusqu’au 12 décembre. Les 200 premiers inscrits sur Festival scope auront aussi, la semaine prochaine, accès à sept autres courts ou moyens métrages. Les CEMEA, organisateurs de cette 17ème édition du festival sont en effet soucieux des prolongements de leur action dans le temps et dans les Régions. Max Belvisee, venu de La Réunion, veut, à l’instar des instances nationales, « faire oeuvre d’éducation par l’image ». A la différence des salles d’art et essai, ou des séances pour les scolaires, les projections organisées dans les quartiers rassemblent « tous les âges » autour de films « qui ne sont pas, pour la plupart, dans le circuit commercial » sur l’île. Pour les délégués venus de la région Centre, un film donne « une matière commune » qui permet, dans les débats qui suivent le film de « partager », de passer au collectif autour « d’histoires de vie ». Mais cette action ne va pas sans frais, et leur financement est l’occasion de réunir des partenaires, Régions, Départements, Villes, DRAC, Jeunesse & Sports, Education nationale, et donc, constate Jean-Pierre Picard (La Guadeloupe), de « conforter l’identité des CEMEA dans les territoires ». Ces projections sont aussi rendues possibles parce que, au niveau national, le mouvement négocie les droits avec les distributeurs et en organise la distribution. C’est surtout vrai pour les films primés à Evreux.

Cette année, c’est « Petite nature » (Samuel Theis, France) qui remporte le prix du long métrage. Johnny est fasciné par son instituteur. C’est un enfant de 10 ans élevé avec son grand frère et sa petite soeur par une mère célibataire, souvent alcoolisée, vivant de petites boulots et d’aide sociale, peut-être une manouche sédentarisée dans une HLM de Forbach. Il est prêt à tout pour quitter un milieu qui le condamne socialement, se faire aimer du maître, et de la compagne de celui-ci, pour rentrer dans leur intimité. Le jeune garçon qui joue le rôle donne toute l’étendue des affects qui bouleversent son personnage en même temps que l’entourage. Le film illustre parfaitement le double sens de l’expression « film d’éducation », il parle d’éducation et il amène à penser autrement les questions que pose la démocratisation de l’éducation. Il sera en salle le 9 mars.

Les autres prix sont allés à Life of Ivanna (Grand Prix du Jury Long métrage documentaire, la vie d’une jeune femme nénètse, dans la toundra arctique), Le Diable n’existe pas (Prix spécial du Jury Long métrage de fiction, l’Iran, de nos jours), Shift (Grand Prix du Jury Courts et Moyens métrages, un coursier à vélo qui refuse d’être payé à la tâche), Confinés dehors (Prix Spécial du Jury Courts et Moyens métrages, les effets paradoxaux d’une pandémie), 407 jours (Mention Spéciale du Jury Courts et Moyens métrages, le portrait du marionnettiste haïtien Lintho), En vie ! Patients-Elèves (Prix du Jury Jeunes et Etudiants, une immersion au centre Soins-Études Pierre Daguet à Sablé-sur-Sarthe), What is a woman ? (Mention spéciale du Jury Jeunes et Etudiants, une femme trans est-elle tout à fait une femme ?). Par ailleurs, un DVD réunit cinq films issus de la programmation Jeunes Publics. »

 

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