Grandir en cinéma(s)

Des films, un cinéma, des publics, plusieurs jours bien denses… Voilà les piliers de ce que l’on nomme un festival… Mais ce n’est pas suffisant pour que la magie d’un festival s’installe, ce sont toutes les rencontres imprévues, tous les regards croisés, toutes les émotions partagées, tous les débats parfois animés… qui le construiront … La 18e édition du Festival international du film d’éducation, à Évreux en Normandie, vous propose de « grandir en cinéma(s) »… 18 ans, c’est un âge que les jeunes, mais aussi les parents connaissent bien, voire attendent, c’est l’âge de l’émancipation, et de certains premiers actes citoyens dans nos démocraties.

87 films sont au programme venant de toute l’Europe et du monde entier. C’est un choix fort du festival de donner à voir les grandes questions sociétales qui mettent en jeu notre citoyenneté, construisent notre humanité, participent de notre éducation au monde, sous un angle international et interculturel…  Des films « jeunes publics », avec les programmations pour les enfants des centres de loisirs, ceux des écoles avec une nouveauté, une programmation maternelle pour faire vivre aux tout-petits cette première expérience esthétique et sensorielle que l’on n’oublie pas ; une programmation pour les collégiens avec le très beau long métrage d’animation La Traversée de Florence Miailhe, qui a reçu de nombreux prix à l’international (Bucarest, Montréal, Los Angeles mais aussi Annecy et Angers…), véritable conte contemporain qui nous raconte l’exil que subissent deux enfants.

Des films pour les jeunes et les étudiants, les adultes qu’ils soient parents ou grands-parents, engagés dans des missions sociales ou d’éducation… La sélection des films courts et moyens métrages en compétition rassemble  31 films d’une grande diversité, tant dans les thématiques abordées (adolescence, relations intergénérationnelles, violences subies, transmission, réchauffement climatique, solidarité…), les origines des réalisateurs ou réalisatrices (issus de 18 pays), que dans les durées et formes d’écriture (7 films d’animation, 14 fictions et 17 documentaires)… Les dix longs métrages de fiction et dix longs métrages documentaires en compétition, tous inédits, en avant-première européenne, vous feront voyager aux quatre coins de notre planète et découvrir des parcours de vie, parfois chaotiques, souvent porteurs d’espoirs. Ils vous feront rencontrer des jeunes ou des adultes qui se battent au quotidien pour plus de liberté ou de solidarité, qui font face aux fragilités de la vie, qui parfois sont trop invisibles aux yeux de tous et toutes… Et au cœur de tous ces films, des hommes et des femmes « passeurs » d’éducation et donc « passeurs » d’avenir aussi…

Trois films invités, des coups de cœur que nous souhaitons partager avec vous, complètent cette programmation : Pingouin et Goéland et leurs 500 petits, réalisé par Michel Leclerc, qui nous fait découvrir Roger et Yvonne Hagnauer, la Maison d’enfants de Sèvres qu’ils dirigent pendant la Seconde Guerre mondiale où ils y cachent des enfants juifs, puis après la guerre, accueillent des enfants de déportés (dont la mère du réalisateur)… Boefje (Petit Gamin) réalisé par Deftel Sierck (nous renouons avec la case « films du patrimoine ») qui nous plonge dans la zone portuaire de Rotterdam au tout début du 20e siècle, et nous fait suivre les errances de deux jeunes dans ce quartier pauvre et crasseux, vivant de menus larcins, animés par le désir de monter un jour sur l’un des bateaux du port, à destination de l’Amérique (ce film faisait partie de la première édition du festival de Cannes et de la sélection officielle… qui n’a jamais eu lieu, à cause de la déclaration de la guerre). Les Pires réalisé par Lise Akoka et Romane Gueret, nous embarque sur un tournage qui va avoir lieu cité Picasso, à Boulogne-Sur-Mer, dans le nord de la France. Lors du casting, quatre ados, Lily, Ryan, Maylis et Jessy sont choisis pour jouer dans le film. Dans le quartier, tout le monde s’étonne : pourquoi n’avoir pris que « les pires » ? Ce film a obtenu le prix Un Certain regard au festival de Cannes 2022, et le Valois de Diamant du meilleur film au festival d’Angoulême 2022.

Trois conférences ou tables rondes débats sur des enjeux essentiels qui nous concernent toutes et tous directement, « Enjeux climatiques : comprendre, décider et agir pour l’éducation », « Éducation artistique et Éducation populaire: apprendre à voir, rêver et transformer le monde » et « Vous avez dit inclusion ? », rythmeront les matinées de mercredi, jeudi et vendredi. Le festival, comme chaque année, verra les publics jeunes, envahir le cinéma et ses coulisses, au sein des jurys, d’ateliers cinéma, de l’espace blog et web-reporters, du parcours Jeunes critiques de cinéma et des Rencontres Jeunes en images. Ces différents dispositifs leur permettront de vivre le festival de manière active et engagée. Cette édition reprendra également ses chemins de traverse, pour aller au-delà des murs du cinéma, dans la ville, projeter des films au sein des établissements qui accueillent des personnes âgées, au cœur d’un service de l’hôpital d’Évreux, dans des établissements scolaires ou autres centres sociaux… Ces projections seront accompagnées d’un travail pour faire venir ces publics, aussi dans les salles du cinéma, pendant le festival.

Toutes les séances sont en libre accès, grâce au soutien de tous les partenaires du festival (État, CNAF, Fonds MAIF pour l’éducation, MGEN, CASDEN…), et les collectivités territoriales la ville d’Évreux, le Département de l’Eure et la Région Normandie, que je remercie, au nom des CEMÉA et de l’ENPJJ co-fondateurs du festival, tous très chaleureusement.

Des émotions, des découvertes, des rencontres… à partager ensemble et collectivement dans ce lieu magique que représente la salle de cinéma ; le plaisir de grandir en cinéma sera là… pour les 18 ans du festival… Que vivent le cinéma et ses auteurs !

Christian Gautellier, Directeur du Festival.

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