Journal d'un maître d'école, Vittorio De Seta, 1973
Episode 1 et 2 suivi d'une conférence
Avec Federico Rossin
« L’idée fondamentale, écrit De Seta, a été de ne pas faire de film ; en réalité, nous avons fait une école et nous l’avons filmée. »
On connaît surtout Vittorio De Seta comme le réalisateur de Il mondo perduto (témoignage sur les cultures populaires du Sud de l’Italie en voie de disparition, 1954-1959) et de Banditi a Orgosolo (fiction politique sur la condition des bergers sardes, 1961). En 1971, il entame la réalisation deDiario di un maestro (Journal d’un maître d’école) dans une école de la banlieue de Rome, avec les élèves – pour la plupart fils de familles immigrées – dans leur propre rôle, et un acteur originaire du Sud, Bruno Cirino, dans celui du maestro. Le tournage dure quatre mois. Les quatre épisodes du film, d’environ une heure chacun, sont diffusés à la télévision italienne en 1973. Ils sont vus par 20 millions de spectateurs et suscitent un débat sur l’école à l’échelle nationale.
Diario di un maestro n’a jamais été projeté en France, hormis dans quelques festivals. Les scènes sont improvisées par les adolescents et le maestro sur la trame d’une fiction écrite au jour le jour par De Seta et Francesco Tonucci, le conseiller pédagogique. Le tournage a lieu dans la classe et à l’extérieur, dans les terrains vagues alentour, sur les lieux de travail des élèves pour lesquels certains avaient déserté l’école au début du film. On assiste à l’invention collective d’un programme alternatif qui, suivant les préceptes de l’école nouvelle (héritée notamment de Freinet), implique la vie, l’histoire et la culture propres des élèves. Côté corps enseignant, le maestro affronte de vieux instituteurs académiques, dont le jeu compassé coïncide délibérément avec les rigidités et les réflexes discriminatoires de la vieille école. Le film fini rend compte du processus même du travail, pédagogique, cinématographique, politique.
De ce film, édité en DVD pour la première fois, L’Arachnéen a tiré un livre qui décrit la fabrique technique et artistique du film, puis analyse les circonstances du renouveau éducatif italien. La spécificité de la situation italienne de l’époque n’empêche pas que les termes du débat sur l’école nous soient absolument familiers. Diario di un maestro est à la fois un témoignage, une fiction pédagogique et le modèle d’une utopie par définition inactuelle. L’édition de ce livre-DVD lui donne sa place dans l’histoire de la pédagogie et dans l’histoire du cinéma.
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